Le Chiens der Riga (3)
Le contenu de l’intrigue policière proprement dite est par contre plutôt déconcertant : Mankell voulait écrire un roman qui mêle criminalité et politique ; le résultat est un livre qui contient un peu de politique et un peu de criminalité, mais qui n’arrive jamais à réunir les deux. L’action est trop improbable, même pour une fiction. Pourquoi un inspecteur suédois trouve-t-il justement à Riga la trace d’une conspiration ? Pourquoi un groupe d’opposition politique prend-il contact avec un étranger qui ne parle même pas sa langue, et mise tous ses espoirs sur lui, afin qu’il trahisse cette conspiration ?
Lorsque l’inspecteur Wallander effectue ses recherches en Suède, le roman reste clair et crédible. Mais à partir du moment où il commence à enquêter en Lettonie, toute l’affaire devient illogique et peu digne de foi. Quand il va enfin à Riga pour une deuxième fois, secrètement et sous un faux nom, risquant sa vie pour une femme qu’il ne pourra jamais avoir, l’action devient complètement folle. Depuis une fusillade sans vraie raison, mais avec beaucoup de morts, en passant par le vol d’une voiture et le cambriolage dans le quartier général de la police lettone, (tous ces actes commis par un inspecteur suédois qui ne partage même pas l’idéal politique pour lequel il se bat), jusqu’à la confrontation finale des deux groupes (les « bons » et les « mauvais ») autour de Wallander, le lecteur est confronté à un mélange bizarre d’idées spontanées, illogiques et pas clairement tracés.
Dans le post-scriptum, Mankell explique que lorsqu’il a écrit les chiens de Riga, la Lettonie et ses pays voisins faisaient encore partie de l’Union Soviétique et qu’ils attendaient avec de plus en plus d’inquiétude la chance de devenir indépendants. Il dit qu’avec son roman, il voulait réagir à ces changements dramatiques qui étaient en train de se produire dans les pays baltes. Malheureusement, il n’y a pas réussi.
Somme toute, il est vrai que le livre est écrit dans un style très agréable et qu’il est captivant. Mais ces deux éléments positifs, même s’ils font du livre un policier qui mérite d’être lu, ne suffisent absolument pas à justifier l’hystérie avec laquelle on en parle. Avec ses autres livres qui racontent les enquêtes de l’inspecteur Wallander, Mankell a prouvé qu’il sait écrire ce genre de romans comme personne. Dans ces cinq livres, il marie le style magnifique qui est aussi présent dans les chiens de Riga, à une action aussi captivante que fluide, mais réussit quand même à surprendre le lecteur avec des changements imprévus.
Il reste à espérer que Mankell va retrouver le niveau de ses livres précédents avec le prochain Wallander.
Autorin / Autor: idiamana - Stand: 05. September 2005